LA LINGUA FRANCA: une langue méditerranéenne
à travers les siècles,
par Roberto Rossetti
[Université de Nantes, 22/23 Avril
2002, Chaire Du Bellay de
l’Académie de la
Méditerranée]
© 2003 Roberto Rossetti. Tous droits reservés.
Appendices
Pour placer ces notes dans le
contexte approprié il est avant tout nécessaire de mentionner
quelques données de base: il ne s’agit là que de six pages
judicieusement choisies sur environ 60 consacrées au
phénomène de la Lingua Franca, en tant que patois contigu de l’Italien.Tout au début ce vernacle fut
nommé Franc par
les premiers savants à le mentionner (1475-1671): les ambassadeurs Vénitiens Contarini
et Bernardo ainsi que les réligieux Haedo, Dan et Luca di San Giovanni.
Puis, surtout entre les voyageurs anglophones il prit le nom de Lingua Franca
(1670-1891: Covel, Barbot, Norden, Playfair,
Grion.) Pendant son âge d’or les écrivains
français le nommèrent Langue Franque (1731-1912: La Condamine, Varnier, Faidherbe, Cohen.) Après la conquête
de l’Algérie, et uniquement dans ce contexte l’on se
réfère au Sabir (1884-1968: Faidherbe, Reclus, Galland, Perego, Martinet.)
Chaque langue est formée par un Corpus de sources littéraires, et par un groupe humain qui la parle sur un territoire précis; ceci tient pour les pidgins aussi et pour retenir les données de base de la Lingua Franca il est utile de la comparer à la littérature résidue de l’Etrusque, qui consiste en à peu près 10.000 épigraphes, dont 2.600 à Chiusi et 1.000 à Perouse.
Depuis la constatation en 1444 qu’il s’agissait d’une langue séparée, l’Etrusque est maintenant parfaitement lisible; la difficulté consiste plutôt dans un Lexique très exigu, aboutissant à peine à 389 mots, depuis la mystérieuse découverte de la Tabula Cortonensis , longue de 200 mots, qui en 1992 en a devoilé dix nouveaux tout d’un coup. Puisque c’est une langue écrite, on peut toujours attendre que d’autres épigraphes plus longues, jallies de quelque site archéologique viennent côtoyer le calendrier des bandelettes de la Momie de Zagreb (1200 mots) la tuile de Capoue (300 mots) les plaques d’or de Pyrgi (52 mots) la stèle de Pérouse (130 mots) ou celle de Lemnos (33 mots). On ne connait pas exactement la traduction de titres officiels tels que Loucoumon et Zilac , vaguement rendus comme ‘roi’ et ‘magistrat’. Pour ce qui est des nombres , les premiers six nous viennent du Dé de Vulci, conservé dans la Bibliothèque Nationale de Paris, mais justement il y a des doutes sur quels soient le 4 et le 6; les dizaines jusqu'à 80, viennent d’inscriptions funéraires. Il semblerait (3 ci, 30 cialx) que les dizaines soient indiquées par le suffixe alx (=ante) et sachant que Nurφ était 9 l’on peut tenter de réconstituer 90 avec Nurφalx, sans quoi 2 c’est zal mais 20 est zavrum et l’on ne pourra en avoir la preuve sans de témoignages épigraphiques .
En dépit de sa longue histoire, la Lingua Franca n’a gagné sa place dans la famille des langues qu’en 1877 avec la querelle littéraire entre Louis Lucien Bonaparte Prince de Canino, et le polygraphe anglais Hyde Clarke , mais justement sur le Dictionnaire de 1830 certains mots semblent bien trop sophistiqués pour avoir lieu dans un Pidgin sans le confort de vérifications historiques. Ainsi le réperage effectif de chaque mot dans son contexte donne nouvelle vie à une langue morte, tels que les rares mots en Lingua Franca identifiés par Rossi et Cortelazzo. De même pour les additions: l’indispénsable Dictionnaire contient tous les nombres qu’il faut sauf 80, peut être parce que c’est une exception du français quatre-vingts. (Alan Corré, en illustrant le filon contigu du jargon de cirque Polari, nous apprend que pour les chiffres 7, 8 e 9 il y avait les alternatives 6-1, 6-2 et 6-3 dont on ignore la raison.) Et dans les Sources de la Lingua Franca je n’ai pu trouver de démonstration positive pour les nombres 10, 11, 18 et 50, lacune plutôt grave pour un trade jargon (langue marchande); car ce ne fut qu’un jargon parlé, avec seulement 60 sources directes (en premier lieu le Dictionnaire de 1830) et autant de descriptions dont on peut glaner de précieuses données quant à la distribution géographique, consistance numérique et poids social des diverses communautés.
Le groupe humain qui utilisait cet instrument de communication consistait principalment en des marchands isolés qui voyageaient jusqu’à Alep, ainsi que d’esclaves prisonniers des Bagnes dans les Régences de Barbérie , sur lesquels les Sources sont beaucoup plus détaillées . Tout comme à Malte, le Bagne était formé par un ou deux étages, destiné à la garde des esclaves pendant la nuit; autour d’un porche qui entourait la cour interieure s’ouvraient les locaux souvent blanchis à la chaux chacun desquels hébérgait de 15 à 20 esclaves qui dormaient sur des nattes; responsable de la discipline, de la distribution des repas, des habits de travail , et du triage journalier aux lieux de travail était le Guardian Basci à la tête d’un corps de gardes par l’entremise desquels il récelait ce que les esclaves parvenaient à voler (curieusement la proprieté personnelle était tolerée dans les Bagnes et il était commun que les esclaves fissent testament avant de s’embarquer.)
Il choisissait aussi les esclaves à être rachetés au cours des fréquentes missions des Pères Trinitaires, Carmelitains ou Franciscains ; Venture de Paradis nous renseigne qu’en cela des facteurs importants étaient le rang, le sexe, l’age et la santé mais surtout l’expérience individuelle, puisque chaque navire devait disposer de deux “Pertuseri, charpentiers de bord” donc Calafats qui étaient difficiles à racheter car très rares et prisés.
Des chroniqueurs contemporains comme Diego de Haedo et Pierre Dan l’on peut glaner des données assez précises ainsi que les listes des Bagnes de chaque ville. Alger (qui en comptait le plus grand nombre parce que la Course n’était pas l’affaire d’armateurs privés comme à Tunis, mais elle était gérée directement par l’état) à l’époque de Barbarossa et de Charles V pouvait compter sur une population totale de quelques 60.000 habitants, presque la moitié desquels étaient chrétiens rénégats originaires des plus diverses contrées d’Europe : l’Italie. l’Espagne , la Provence tout comme la France du nord ou l’Angleterre; avec les 10.000 Levantins, ces rénégats formaient la majorité de la population ; ensuite il y avait environ 12.500 Algériens autochtones ou Baldi; les Moriscos chassés de l’Espagne étaient 5.000; les Cabyles 3.500 ainsi qu’un groupe indéterminé d’Arabes ; les Juifs étaient environ 5.000 . En plus de toutes ces gens, Alger hébergeait 25.000 prisonniers chrétiens presque tous de langues romanes : espagnol, italien, catalan, provençal, français, portugais. C’étaient surtout les Guardian Basci et leurs subordonnés à employer la Lingua Franca pour s’adresser aux esclaves qui s’ingéniaient a répondre dans leur propre parler, s’ils ne demeuraient assez longtemps pour apprendre les langues locales.
Certains Bagnes avaient deux noms, celui du propriétaire ou bâtisseur, ainsi que celui de la Chapelle annexe, plus utilisé par les esclaves chrétiens ; en 1634 Alger disposait de six Bagnes : du Beylik (ou de Sainte Catherine) Ali Arabagi (ou de Saint Roch) du Pacha (ou de la Très Sainte Trinité) Ali Mami, Sidi Hassan et des Coulourlis (couloughlis= fils de janissaires turcs et de femmes locales.) En 1675 il n’en restait que quatre et seulement trois en 1830.
Tunis en 1635 pouvait disposer de neuf Bagnes bien
qu’avec moins d’esclaves: de
Soliman, du Pacha, d’ Ali
Mami, de Sidi Mamet, de Mourad
Bey, les deux du Dey Yousouf, de la Patrona e celui tout neuf de Cigala . Un Rapport sur l’Etat
des Royaumes de Barbarie , Tripoli, Tunis et Alger
rédigé à
Rouen en 1703 en liste treize, uniquement sous le nom des Saints
Patrons: à Tunis les prisons des esclaves sont au nombre de treize
sous le nom
1. de la très Sainte Trinité
2. de Saint Luc
3. de Saint Sébastien
4. de Saint François
5. de Saint Leonard
6. de L’Annonciation
7. de Sainte Croix
8. de Saint Joseph
9. de Sainte Rosalie
10. de Saint Charles
11. de Sainte Catherine
12. de Notre Dame du Mont Carmel
13. de Notre Dame du Rosaire.
Des investigations conduites par Riggio l’on déduit qu’en 1797-1802 la situation avait profondément changé, avec la clôture de la plus grande partie des Bagnes et le transfert des esclaves restants.
Tripoli à cause du moindre trafic n’en avait que trois: le Bagno Vecchio (ou de la Madone du Rosaire) édifié en 1615, le Bagno Nuovo (ou de Saint’Antoine) de 1640, et le Bagno Nuovissimo (ou de Saint Michel) de 1664.
L’on connait très peu au sujet des esclaves à Salé , qui à l’époque était considérée un autre important repaire à filibustiers.
En ce qui concerne un territoire proprement défini au delà des Régences Barbaresques, la notion empyrique oscillait entre le Maghreb et le Levant , et du Sahara Algérien à la Géorgie. À ne pas considérer les propos de Mac Carthy et Varnier (1852): elle est véritablement la langue de tout le bassin de la Méditerranée. On la parle à Constantinople comme à Gibraltar; à Marseille comme à Alger; à Tunis, à Tripoli, à Alexandrie; dans les villes de l’Adriatique et de la Mer Noire comme dans les Echelles du Levant.’ Puisque dans l’enthousiasme de leur harangue ils affirment sans en apporter des preuves qu’elle arrivait au fin fond des oasis de Ziban , Beni Mzab et de Touat; néanmoins l’insistence sur le facteur maritime est bien fondée: la diffusion des pidgins Espagnols aux Philippines, comme le montrent les noms mêmes (Caviteño, Cebuano, Zamboangueño) était déterminée par ceux qui sont les meilleurs mouillages. Ce sont finalment des accidents historiques à nous montrer les courants du trafic corsaire comme les fameuses razzias d’Otranto (1480) , Sperlonga et Fondi (1534) ou Positano : Entre les Ex Voto du Sanctuaire de la Madone de l’Arc à l’ombre du Vésuve est une précieuse collection de câbles et amarres offertes par des marins du 18° Siècle rescapés au naufrage, ainsi que 8000 tablettes peintes à partir de 1491 (700 desquelles anterieures à 1600) : beaucoup de matériel fut dispersé sous Napoléon et certaines tablettes furent transferées au Musée Naval de Venise qui en exhibe au moins deux en remerciement pour être rescapé aux pirates barbaresques. La Sérénissime avait tenté de résister la Course dès les Traités de 1392 et 1438 avec Tunis.
Un nouveau cycle de traités après les bombardements Anglais (1655) et Français de Tripoli (1685) inauguré avec Alger et Tunis (1763) Tripoli (1764) et le Maroc (1765) dénoua la Ligue de 1749 contre les pirates Barbaresques entre Venise, Gênes, Naples et le Saint Siège. Les menaces répetées de Tripoli obligerent le Savio alla Mercanzia Antonio Cappello à rappeler le Bascià a honorer les pactes, mais le bombardement de Zara par Ahmet Raìs causa en août 1766 une menaçante visite en Barberie par l’Amiral Jacopo Nani au commandement d’une escadre formée par la Vigilanza, la Tolleranza, la San Michele, la San Vincenzo et deux Corvettes, qui amenèrent Tripoli a désister pour le moment, jusqu’à de nouvelles crises qui furent à l’origine de l’expédition du Capitaine Pasqualino contre Tripoli (1778) avant du cycle d’Angelo Emo (1784) contre Sousse, à nouveau Sousse et Sfax (1785) enfin Sousse et Bizerte (1786) . Un dernier traité avec Tunis fut signé en 1792.
[Des notes de Filippo Nani in: M.Nani Mocenigo, Storia della Marina Veneziana, Rome 1935]
Le déclin des corsaires Barbaresques survint après les ‘visites’ à Alger-Tripoli du Capitaine Decatour (1804) le Commodore Decatour (1815) et de Lord Exmouth , qui en 1816 signa une trêve maritime avec la délivrance des prisonniers de Tunis relevant des îles Ioniennes et de Sardaigne, laquelle envoyait une escadre à Tripoli encore en 1825.
En faute de données plus précises il suffit de feuilleter les chroniques de ces temps-là pour tomber sur des noms typiques de rénégats comme Hassan Corso et Hassan Pisano (néanmoins aucun Hassan Sardo n’est jamais mentionné): les rafles avaient lieu surtout en contrebas des Presidios de Porto Ercole et Porto Santo Stefano. L’île de Giglio fut visée déja des temps de Khair ed Din Barbarossa jusqu’à la furibonde réaction collective des habitants le 18 Novembre 1799, et ce ne fut pas la dernière.
A ne pas considerer des établissements isolés en des lieux inaccessibles comme Saracinesco et Cervara qui en gardent encore des traces dans l’accent, ou certains endroits de la côte Provençale tout comme les presque mille Carolins de Tabarque , déguerpis en 1737-1816 à Carloforte en Sardaigne qui encore aujourd’hui compte quelques 6000 habitants à l’accent Gênois fort marqué.
N’étant jamais
arrivé à se créoliser par
faute d’une littérature à soi , donc sans un peuple, un patois semblable à la
Lingua Franca est toujours vivant à cause de besoins marchands. Ainsi
que Folena et Vianello l’ont documenté, il y eut un premier clivage entre l’Arabe et le Grec avec ses
épicentres à la Crète et Corfou; suite au déclin
d’Alexandrie (1875-1956) la relève dans le raccordement fut prise par Salonique , Stamboul et Jérusalem avec leurs
nombreuses colonies alloglottes.
En milieu balcanique il faut aussi distinguer les épisodes forcement limités du Stradiotesco (patois utilitairie d’échange avec les milices locales du 16°Siècle) et du Greghesco (instrument littéraire satyrique) de la longue evolution du Schiavonesco qui, embrassant quatre siècles (un des premiers éxemples se trouve dans l’Orfeo du Politien , 1480) fait surfarce occasionellement même à present avec l’Addio au goût de Trieste employé communement dans la Slovenie, à la Fata Morgana mentionnée routinairement en Macédoine à présent. [Cfr. par exemple Manlio Cortelazzo, Corrispondenze Italo-Balcaniche, p. 95 In Omagiu Lui Alexandru Rosetti La 70 de ani, Bucuresti 1965.] Inutile de demeurer outre sur un sujet très riche en rappels qui doublerait sans difficulté l’ampleur de cet exposé. Il suffit de rappeler les anciens échanges éthniques à travers l’Adriatique, des Istroromeni du plateau de l’Arsa (Cicceria, réduite dans les années cinquante à quelques 600 individus dans le bourg de Sejane) aux Albanais de Borgo Erizzo (Arbanasi) , Borgonovo Collecroce (Croats), Antìvari , Nòicattaro . Ou encore, le groupe de villages Albanais de Saint Cosme (Strigari) et de Saint Georges (Mbusati) à coté du Pollino qui dominent le long de la côte, le village de Marina Schiavonea. Et enfin le groupe de cinq villages , encore Albanais autour de Piana dei Greci en Sicile . (Fort de quelques 75000 individus dispersés en 49 villages le groupe albanais est le cinquième d’Italie, surpassant le Grec). Aussi, il est instructif de comparer les récensements organisés périodiquement en Dalmatie par la Sérenissime qui s’efforçait de fortifier la langue par des greffes répetées de population: en dépit de statistiques qui font part d’un inéxorable échec de cette politique à cause d’épidemies ou abandon, la minorité de langue italienne augmentait toujours, probablement à cause de dynamiques sociales qui lui conféraient plus de prestige. Ni l’on doit oublier que si c’est à Venise que furent imprimées la première grammaire (1583) et le premier roman (Eromena , 1624) en Italien ceci fut l’oeuvre de Dalmatiens: Gian Francesco Fortunio de Selve di Zara et Gian Francesco Biondi de Lesina , et encore que c’est à Venise que Niccolò Tommaseo de Sébenic composa le premier dictionnaire des synonimes alors qu’il était Ministre de l’Enseignement Public de cet état (1848).
Ayant toutefois entrepris ces récherches pour mieux éclairer le volet Levantin de la Lingua Franca ainsi que pour attester un phénomène déjà mentionné, il faut faire part des rares élements qui laissent supposer des embryons de communautés aptes à elever ce vernacle au rang de langue maternelle; les notes de Benedetto Dei nomment souvent les domaines Gênois dans l’Egée. Numa Denis Fustel de Coulanges qui fut a Chios en 1853-55, [Revue des Questions Historiques Paris 1856] parle du bourg de Vrontado (Vrondados) dont les 4000 marins avaient des bateaux aux formes typiques de Gênes et, en parlant grec ils n’employaient que des termes marins gênois; pour gronder les enfants leurs mères les ménaçaient de les abandonner aux pirates Erchontai i Fiorentini! Un visiteur assidu de l’île était mû par des sentiments pareils puisque il avait écrit dans ses Apophtègmes: Quattro nemici grandi à Benedetto Dei Fiorentino al mondo/ e viniziani per la prima/ e genovesi per la seconda/ e i sanesi per la terza/ e Lucchesi per la quarta . Outre ses colonies de Galata (1203, transformée par les Turcs après 1453 en Magnifique Communauté de Pera) Amisso et Samastri dès 1261, ainsi que les comptoirs de la bande opposée de la Mer Noire : Caffa (1266-1475) capitale dès 1341 de la Gazzaria, agrandie en 1365 a Soldaia (Sudak) Cembalo (Balaklava, 1380) Copà et Tana sur la Mer des Zabacche (Azov 1398-1471) , la Superbe pouvait compter sur les Seigneuries de Lesbe des Gatilusi (1355-1464) et de Focea des Zaccaria (1274-1455) ; entre 1419 e il 1481 Gênes aurait étendu à titres divers son domaine dans la mer Egée à plusieurs autres îles aux histoires enchevêtrées. Chios notamment (1304-29 sous les mêmes Zaccaria, puis sous les Gênois Giustiniani de 1342 a 1566.)
En glissant sur les menus détails de ces dominations, il se doit de souligner quand même les contacts fréquents avec l’Histoire de France. Ainsi Manuele Zaccaria, célèbre pour avoir dérouté au profit de l’Espagne la flotte Marocaine à Marzamosa (1291) en adoptant le ris dans le grément des bateaux, qui affréta pour Philippe le Bel le premier Arsenal de France (1294) et commerça du Mastic et de l’alun (desquels il détenait les monopoles) dépuis Trébisonde et Caffa (dont son gendre était Consul ) avec ses propres bâtiments vers les Foires d’Aigues Mortes et de Champagne; son descendant Martino, ayant guerroyé contre corsaires Turcs et mercenaires Catalans, fut emprisonné à Constantinople par Andronic III, qui avait tout de même laissé partir son épouse Jacqueline de La Roche, et libéré en 1338 grâce aux bons offices du Pape Bénédict XII et de Philippe VI de France; il tomba le 15 Janvier 1345 sur les remparts de Smyrne, qui avait déjà appartenu à Gênes de 1261 a 1300 et encore jusqu’à 1402; depuis Mytilène, Jacopo Gattilusio prit part aux exploits de Gênes au Levant sous Jean de Meingre, sieur de Boucicault.
Déportés a Caffa en 1566, les Giustiniani survivants avaient étés libérés à l’instance du Roi de France (2 Juillet 1570) et Vincens Giustiniani, Ambassadeur de Charles IX auprès de Sélim II (1573) put encore en plaider la cause: Et vraiment les Iustinians se sont de tous temps addonnés a polisser cette isle de bonnes et louables coutumes; aussi l’ont ils embellie de beaux et superbes édifices et temples sacrés et pour la sureté contre ses ennemis l’ont fortifiée de bonnes murailles et platteformes qui se voient encore pour le iourd’huy. [La description de l’Isle de Chio.]
Ce bref répit dura jusqu’a la tragique initiative Vénitienne de 1694-95 déroutée aux îles Spalmadori par le Kapoudan Pasa Hüsayn, le redoutable Mezzomorto [Joseph Pitton de Tournefort, Relation d’un voyage au Levant, Lyon 1717.]
A Rhodes enfin, qui fut visitée par l’humaniste Florentin Cristoforo Buondelmonti (1415-20) ainsi que Ciriaco d’Ancona (1425) sur le chemin du gran Cairo; sous les Chévaliers de Saint Jean plusieurs scrivani tels que Melchiorre Bandini (vers 1459) Guilliaume Caoursin des Flandres (1459-1503) ou Bartolomeo Poliziano (1503-22) encouragèrent l’usage de la langue vulgaire française ou italienne: l’architecte local Manoli Conti, protomaistro murador sous Frère Jacques de Milly (1454-61) paracheva les murailles d’une inscription en Italien et Grec (1457) tandis qu’une Déliberation sur les tarifs de douane De iurati Cives & Vassalli fut rédigée en Langue vulgaire (italien) Ad omnium clariorem intelligentiam (1465).
Pendant l’administration italienne (1912-47) le Dodécanèse avait une population de 118.100 habitants (1929) dont 12 mille Musulmans, concentrés a Kos et dans la ville de Rhodes; 3500 étaient les habitants Catholiques (a Rhodes, Kos, Leros) et 4.500 les Juifs qui utilisaient encore le parler Ladino de leur ancienne demeure en Espagne, qui forcement encouragea l’éclosion du Créole local. (Pour Ladino l’on entend ici le parler Hakètia, dialecte espagnol employé par les communautés Sépharades accueillies au Levant et en Afrique du Nord par la Sublime Porte. Bien que lui même issu de la souche Romane, ses origines distinctes en font un courant tout à fait divers du Ladin des Dolomites (40.000 habitants des vallées Venosta, Gardena, Badia, Marebbe et Fassa) qui en revanche relève du groupe Rhéto-Romanique avec le Patois du Frioul (700.000) et les Langues des Grisons Suisses : Sursilvan de l’Oberalp Rhénan, Sutsilvan de ses affluents Schams et Domleschg, Surmiran du Val d’Albula, et Engadinois en ses varietés Haute, Basse, et de Müstair, pour un total de quelques 60.000 habitants que protègent des garanties fédérales depuis 1938, tout comme les vallées Dolomitiques contigues dès les temps des Habsbourgs, tandis que le patois du Frioul peut bien s’en passer à cause de son importance statistique.)
D’ailleurs beaucoup de mots d’usage quotidien évoquent des contacts avec l’Orient:
Alambic (déja Boccace écrivait lambicco) Alchimie (accueillie par Dante), Alcali, Alchool, Alcôve, Algèbre, Alidade, Alkermès (le nom arabe de la cochenille) , Almanac, Ambre, Amiral (Caffaro 1147), Antimoine (Constantin Africain 1100) Assassin (adonné à l’hachìch , introduit par Marco Polo avec le conte du Veglio della Montagna puis adopté par Dante, dont il suffit de rappeler Pape Satàn Alèppe = Bab ech Chaitàn ìphtah) Azimut (1578 introduit par Egnazio Danti, peintre de la galerie des cartes géographiques au Vatican ; Galilée préfère Azzimutto , puisque ça vient de As simùt, les directions) Hazard, Azure, Babouche, (Bezef mentionné par Schuchardt et connu en Vendée), Botargue (B. Dei), Bric, Caftan, Camphre, Caroube, Chicorée, Chiffre (sfr est Zéro, introduit par Fibonacci), Coton, Douane (dite teloneum en Latin; un document de 1154 a Duana , repris par le Liber Abbaci 1202; ..cum genitor a patria publicus scriba in duana Bugee pro Pisanis mercatoribus... esset) Elixir, Fakir, (Fòndaco), Gazelle, Giraffe (introduite par le Million en vulgaire), Jarre, Magasin, Matelas, Mesquin (Dante encore une fois), Mousseline, Nuque (medullae lingua arabica vocantur nucha, repris par Fréderic II, De Venat. 36 : de nucha vero quae dicitur medulla spinalis, accueilli par Dante comme fil delle reni) Quintal, Sirop (sirupus, Costantin African, repris par un document Gênois de 1345 syruppus) , Sorbet (introduit par Pietro della Valle 1615) Tamarin (=Tamr el Hind, datte d’inde), Tambour (Dante) , Tarif, Safran, Zénith (Dante, Paradis 29,4) Zéro (nul , pour Luigi Pulci) viennent de l’Arabe.
Du Turc viennent Bergamote (Beg Armùd, dont l’étymologie Poire du Seigneur fut notée en premier lieu par Caravia), Caïque, Caviar, Kiosque, Divan, Gilet, Mahonne, Chacal, Sopha, Tulipe (noté par le dragoman Membré pour signifier le Turban.)
Tandis que du Persan viennent Caravane, Dame Jeanne, Jasmin, Lilas, Echec et mat, Pijama (paigiami , depuis le Persan Payğama, encore noté par le dragoman Membré), Châle e Taffetas.
Plusieurs de ces mots dérivent du troc des Républiques Marchandes: Leonardo Fibonacci était fils du notaire du comptoir Pisan de Bougie, en Algérie où il passa son jeune âge pour voyager de suite en Grèce, Egypte et Syrie en composant plusieurs livres sur les problèmes de change d’espèces de poids et de mésures, plus qu’un siècle avant la parution de la Pratica della Mercatura de Francesco Balducci Pegolotti, qui avait vécu a Chypre de 1324 a 1327 avant d’entreprendre le périple dalla Tana a Gamalecco mastra città del paese del Gattaio (d’Azov a Péquin , que Marco Polo aussi appellait Canbaluc.) Mais les titres qui permirent à Fibonacci de passer à l’histoire des sciences furent le Liber Abbaci (1202) et le Liber Quadratorum (1225) qui amenèrent en Europe l’Algèbre, la racine cube , le Nombre d’or ainsi que les chiffres arabes (novem figuras Indorum...et cum hoc signo 0 quod arabice zephirum appellatur, scribitur quilibet numerus). Le mot le plus notable est Dame-Jeanne (Damigiana en Italien, Damajuana en Espagnol, Demi-john en Anglais et Damagana en Egyptien) qui provient de la ville de Damghân , entre ar-Ray (Téheran) et Nichapour sur l’ancien “Chemin Gênois” qui relait Trébisonde à Péchaouar : un cas qui rappelle au Moyen Orient les Bortoqal (mandarines) et les Banadora (=tomates) connues ailleurs dans le monde sous le nom originaire du Nahouatl, sauf en Italie où elles se transformèrent en pommes d’or, ainsi que les patates notées par Pigafetta, et de célèbres mots-matrioska tels que Carciofo (Artichaut) ou Massepain.
Mais c’est avec les Dialectes que l’on aperçoit plus clairement le courant de la Lingua Franca: un des mots les plus coloris du Toscan est Bischero (Niais, Fada) et la plupart des vocabulaires se limite a rappeler de façon peu logique les chevilles pour accorder guitares et violons; au fait la solution nous vient du précieux Dictionnaire de la rue Cannebière de l830, qui nous rappelle que les habitants de Biskra en Algérie, (Piskeri) formaient la plus importante corporation de portefaix . Ce mot fut probablement calqué sur certains d’entre eux qui s’étabilirent à Livourne lors de sa fondation (28 Mars 1577). La ‘Costituzione Livornina’ (1609) de ce Port Franc bâti sur les restes du port de Pise, débute ainsi: A tutti voi, mercanti di qualsivoglia nazione, Levantini, Ponentini, Spagniuoli, Portoghesi, Greci, Tedeschi et Italiani, Hebrei, Turchi, Mori, Armeni, Persiani et altri, salute representant un terrain idéal pour l’essor de la Lingua Franca [Cfr. Ferdinand Braudel et Ruggero Romano Navires et Marchandises à l’entrée du Port de Livourne (1547-1611) Paris 1951]
Bien que ce furent Pise et la Sicile outre le cas évident de Venise, a plus en subir l’influence dans le passé, ce fut le Gênois a en garder les traces plus durables: le vent Garbino est mentionné par Caffaro (et ibi garbino facto.. 1147) et les Camali (hamal) sont réperés dés 1392 par le Comptoir Gênois de Constantinople [Cortelazzo] de même Gabibbu (homme rusé à La Spezia et Cogoleto ) vient de l’Arabe Cabìb; Giffra est un un griffon et Macramè (serviette) vient de mouhàrrem (voilé). Caciucco, le plat typique de fruits de mer de Livourne vient du Turc kuçük (petit = Fricandeau) en Romagne une jaquette paysanne est encore dite bernùss sans pour autant avoir lu les le pièces de théatre de Caravia; a Rome une confusion devient Bailamme (=Bairàm) et baldracca (fille de joye, de bardàg = esclave) compte d’illustres précurseurs dont l’Arétin (Pétrarque a Baldacco , qui pour Benedetto Varchi signifie Gargote). En Sicile les aubergines deviennent petonciani (= betnjàn.)
D’ailleurs la tournure des dialectes italiens est déja détectable dans les épigrammes satyriques Latins se moquant de la prononciation “hachée” des étrusques qui distingue encore le Toscan, ainsi que les monnaies Samnites, marquées AMBERIUM (=Empire) jusqu’aux vasia (=baisers) griffonnés sur les murs de Pompei [R.A. Staccioli]
Pour en revenir à la Lingua Franca , décrite simplement par Pierre Dan [Histoire de la Barbarie et de ses corsaires, Paris, chez Pierre Rocolet 1637] un barragoüin facile et plaisant, composé de François , d’Italien & d’Espagnol.
Une définition plus ponctuelle nous vient de Charles Etienne de la Condamine, après avoir visité Alger en 1731 [Bibl. Nat. de Paris, ms In Folio 2582]: Le Mauresque est la Langue du Pays. Les Turcs parlent Turc entre eux; mais la langue dont se servent les uns et les autres pour se faire entendre aux Européens est ce qu’on appelle la Langue Franque. On dit qu’on la parle dans tout le Levant et dans touts les ports de la Méditerranée, avec cette différence que celle qui est en usage du côté de Tripoli et plus en avant vers le Levant est un mélange de provençal, de grec vulgaire, de latin et surtout d’italien corrompu, au lieu que celle qu’on parle à Alger, et qu’on appelle aussi Petit Mauresque, tient beaucoup plus de l’espagnol que les Maures ont retenu de leur séjour en Espagne ... on ne se sert presque pas [que] d’infinitifs dans ce jargon, qui s’entend aisément quand on est accoutumé à l’accent... c’est celui des divertissements turcs du Bourgeois Gentilhomme, et de l’Europe Galante. Le Sieur de Lully qui avait joué dans le rôle du Mouphti Chiacchierone (=bavard) pour le Roi, aurait pu suggérer les textes grâce a des fréquentations Livournaises, mais le travail de Richard E. Wood (1971) a mis en clair qu’en fait il s’agissait du Chévalier d’Arvieux qui avait répresenté la France à Tunis, Stamboul, Alger et Alep; De plus, les maintes citations de Molière dans l’article de Mc Carthy-Varnier (1852) transformèrent le Petit Mauresque en Sabir.
Cette liberté était bien assertie à l’esprit du langage: Sabir en effet avait été un capitaine slave des pirates sarrasins de Sicile, qui avait pillé Taranto en 922, Salerne et Naples en 928, Catanzaro et Tiriolo enfin en 929.
Le trait plus surprenant de ce patois est justement l’emploi de l’italien, ponctuellement réflechi dans les lettres de Venture de Paradis depuis Alger [1788 Bibl. Nat. de Paris, publiées par E. Fagnan en 1894.] La plupart des mots relève de l’espagnol, comme izbandid/sbandouts, Contador (comptable) Trigo (blé) Muchache de la Golphe (valet); mais pour décrire le déroulement de la journée, cet Arabisant fort réputé par Jomard l’organisateur de l’Institut d’Egypte explique qu’il fallait observer le Palais du Gouvernement: Bandiera arriva [sic] indiquait Midi, alors que Bandiera bassa, l’heure de la bastonnade tombait vers une heure et demie de l’après-midi. Le fait de suivre l’ortographe italienne, à tel point de contredire la signification voulue [drapeau venu au lieu de drapeau flottant] parait signifier qu’à ce temps-là l’Italien était bien plus populaire.
Il n’est pas difficile de ranger cela: maintenant les seules villes espagnoles du Maghreb sont Ceuta (depuis 1580) et Melilla (depuis 1496) mais au fil de l’histoire l’Espagne a gouverné presque toute la côte, notamment Oran (1509-1792) Alger (1509-29) les approches Tunisiennes (1535-74) ainsi que Larache (1610-89) et Mamora (1614-81; à present Kénitra, et Port Lyautey entre 1913 et 1958) une partie des ces garnisons provenait du Royaume de Naples; Malte aussi fut confiée par Charles V aux Chevaliers de Saint Jean en 1530, à condition d’assurer la défense de Tripoli, prise en 1510, et cela fut possible jusqu’à 1551. Les Statuts de l’Ordre spécifiaient que son langage diplomatique était le français, mais celui de la flotte était l’Italien; sans trop de peine l’on peut trouver entre les noms Italiens : Algeri, Barbaresco, Bengasi, Brega, Cairo, Cartago, Cirenei, Derna, Egitto, Libeccio, Marocco, Melilla, Moresco, Nador, Orano, Tangerini, Tagiuri, Tamietto, Tripoli, Tunisi; de même pour le Levant : Aleppo, Bagdalli, Berutto, Caiffa, Caiazzo, Cipro, Damasco, Dervisci, Di Persia, Edessa, Efrati, Gazes, Levante, Libani, Loturco, Orfali, Ottomaniello, Palestini, Persiano, Rodi, Salonicchio, Samarra, Saraceno, Simi, Sinai, Siriano, Smirne, Sorìa, Stambouli, Stampalia, Terrasanta, Turcato.
L’Histoire chronologique du Royaume de Tripoly (1675) de la Bibliothèque Nationale nous le confirme en parlant des Consuls: à Tripoly et dans les autres villes de Barberie ils sont en habit court et ils se servent presque toujours de la langue italienne pour ce qu’elle est assez connue en Barberie [Mss.12219 p.175.] D’ailleurs dans son Voyage de Paris à Jérusalem Chateaubriand, qui fut a Tunis, nomme le consul Devoize et, indirectement, l’œuvre du Père Caronni mais en parlant du Bey (1806) il affirme ce prince parle italien et à Jérusalem il copie une facture en Lingua Franca en ajoutant Je le laisse en italien que tout le monde comprend au jourd’hui. Cependant les nombreux titres utilisés dans l’œuvre, sont bien loin de l’Italien classique : Alcucuznaro Chavas , Dalati, Dragomani, Gaffaro, Genisero, Mucaro, Serolio. Tout de même le Voyageur Francis Lyon, en laissant Tripoli en 1818 pour l’oasis de Socna, affirme laconiquement ‘bad italian ..is well known.’
Les Sources résiduelles dérivent de trois causes principalement :
· Correspondance officielle : le Facteur de Patras, le marchand d’ Alep , les comptes-rendus de Chypre en Fritalien, le Dragoman Membrè , les Archives Consulaires de Tunis et de Tripoli.
· Journaux de voyage : Benedetto Dei , Marin Sanudo , Antonio de Guevara , Paolo Giovio , Diego de Haedo, Pietro della Valle, José Tamayo , Bartolomé Serrano, l’Histoire anonime de Tripoly et la Chronique de Penzance, Jean Jacques Rousseau, Venture de Paradis, Johann von Rehbinder, don Felice Caronni et Filippo Pananti.
· Opéra et Littérature : La Zerbitana , Luca Pulci , Juan del Encina , G A Giancarli , Andrea Calmo , Alessandro Caravia , GB della Porta , GB Andreini , GB Guarini , Giulio Malmignati , Jean Rotrou , Molière , Antoine Houdar de la Motte , Carlo Goldoni , les ballades Malamani , Pierre Loti , Mardochee Chaloum et Victor Waille.
1) patois de circonstance : 1204 -1423 Credo de Constantinople/ Facteur de Patras/ Mss Cyp Bibl.Vaticane
2) de l’arabe : 1304-1802 Zerbitana/ Andrea Berengo/ Varchi/ Guarini /Pietro Della Valle/ Grandchamp
3) de l’espagnol : 1400-1887 S. V.Ferrer /Encina /Guevara / Tamayo/ Noall /Gallico/ Pananti /Karamanli /Bernard
4) du turc : 1453-1781 Molmenti / Benedetto Dei / Luca Pulci / Caravia/ Riggio
5) de l’italien: 1484-1815 Schambek/ P.Giovio/ Haedo/ Molière /Antoine Houdar de la Motte/ Venture de Paradis / Frank
6) enjolivures exotiques: 1542-1586 Membré / Giancarli / Calmo/ Garzoni
7) du romaïque des Stradiotti: 1547 Calmo
8) du grec: 1670-1887 Serrano/ Rousseau / Dictionnaire / Beaussier
Le peu de sources restantes indique quand même une évolution de ce patois, ainsi le docteur Frank, qui avait exercé à Tunis entre 1806 et 1815 raconte d’un mendiant qui implorait Donar mi meschino la carità d’ouna carrouba per l’amor della Santissima Trinità e dello gran Bonaparte. Filippo Pananti, capturé par les corsaires Algériens au large de la Sardaigne, fit de cette mésaventure un récit très populaire, imprimé en Suisse et Angleterre, ainsi qu’à Paris sous le titre Relation d’un Séjour à Alger (1820). Peu après la prise d’ Alger (1834) Schimper [cité par Schuchardt] pour signifier l’ignorance d’un medecin local écrit qu’il ne comprenait pas un mot d’italien, d’espagnol, ni même de Lingua Franca, parlée par la couche la plus humble de la population. Ainsi en 1852 le journal L’Algérien indiquait la marée montante des façons Françaises dans ce langage avec les examples Moi meskine, toi donnar sordi et Toi biber lagoua.
Pour le Géneral Faidherbe (1884) les mots sont espagnols,italiens, français, arabes, et souvent ils sont estropiés et Playfair (1887) parle d’un patois contaminated by words and hybrid expressions borrowed from all over the languages of Europe qui pour Charles de Galland (1890) devenait le mélange de tous les idiomes: de l’arabe et du français, de l’italien et de l’anglais, de l’espagnol et du sabir.
En 1912 Le Parler Arabe des Juifs d’Alger de Marcel Cohen, publié a Paris renforce les jugements de MacCarthy et Varnier sur la Lingua Franca :
‘il n’existe pour ainsi dire plus de sabir à vocabulaire mélangé de plusieurs langues romanes:...jusqu’à un certain point aussi elle se survit dans un très petit nombre de mots empruntés soit par le français local d’Alger, soit même par les parlers arabes; mais comme parler autonome elle a vécu’.
Le mot le plus féerique du Caire de jadis est Rubabìqya, le rappel typique des brocanteurs, évoquant une tenue personnelle, témoignage d’un temps sans doute révolu; mais il est frappant de confronter un détail si marginal aux rapports sur la peste d’Alger (1786-8) qui ravagea parmi les fripiers juifs de la ville [M. Conor, Archives de l’Institut Pasteur de Tunis, 1911 fasc. 3 p.220-241: Une épidémie de peste en Afrique Mineure (1784-1788) d’après le Journal des Pestes, mss. du Père Vicherat, prêtre de la mission.] Aussi sur les lettres de Venture de Paradis, conservées dans la Bibliothèque Nationale à Paris l’on peut déceler les traces de fumigations repetées, coutume introduite par la Sérenissime.
Selon les estimations de Mac Carthy -Varnier
et d’Elisée Reclus le Glossaire du Sabìr, riche de plus de 2000 locutions avant 1830, s’était
borné a quelques 200 mots entre
1852 et 1887, alors qu’un million d’habitants en
Algérie comprenait déjà le Français. L’ultime épanouissement
de ce vernacle date des années 50 avec les transmissions radio
d’Eugène Edmond Martin depuis Tunis, ayant pour titre ‘Les Sabirs de Qaddour bin Nitram’.
Pourtant Mouaily al Mohsen
, rechercheur linguistique Tunisien et interprète judiciaire
auprès du Tribunal de Milan a pu documenter au moin 150 termes
surséants parmi
lesquels b’l jornata (=ouvriers journaliers ) Mechqito
(=mischiato, contrefait) Qaoualchpata (=Niais,
venant probablement des Cartes de jeu Napolitaines) et Sabbàt (=Zapatos) encore utilisé a Sousse, avec Sbadni (=espadrilles) pour les
souliers de tennis, qui deviennent Sbadina au
Maroc, mais Calsin en Egypte.
Les langues répandues autrefois par le troc sont aujourd’hui soutenues par la radio et la télévision, mais si l’école a permis au français de se greffer stablement au Maghreb à la dépense du Petit Mauresque qui avait pu survivre pendant quatre siècles sans d’appuis officiels, au proche Orient les écoles italiennes d’Alexandrie, du Caire, de Betlehèm et de Beyrouth ont répandu le gèrme qui en partant de la langue officielle, reprise au profit du tourisme après de longues interruptions, finissait par aboutir à un Pidgin qui de l’ancienne Lingua Franca ne tirait certainement pas la continuité chronologique mais sûrement un outillage lexical et une syntaxe qui, dans la pauvreté de ce patois n’étaient pas si lointaines des dialogues de 1830.
Ce bref exposé ne saurait être complet sans mentionner brièvement deux questions strictement techniques; l’Ortographe premièrement: n’étant qu’un jargon parlé proche de l’Italien dont il suivait les règles [ainsi Chitir Chitir (beaucoup), pour le marchand Berengo à Alep 1553-56] pourtant dans le Dictionnaire de 1830 l’on trouve Chita (ville).
Puisque Lucien Bonaparte a démontré qu’il ne s’agissait nullement d’un italien estropié, mais bien au contraire d’un filon autonôme avec la liberté d’expression propre des langages métissés, il faut enfin citer les deux tournures de phrase plus originales: Counchiar qui à présent signifie tanner, et en Italien archaïque voulait dire façonner, acquiert ici tout un éventail de possibilités entre bâtir, faire et favoriser; ainsi que Forar, verbe Italien qui a été 'façonné' au delà de sa propre signification (trouer) indiquant par analogie l’action d’arracher, débrider, déranger, déshabiller, dévaliser, écarter, emporter, enfoncer, extraire, raser, retrancher, saigner, sarcler, soustraire, ou traire.
·
Les Archives Nationales à Paris
(Fonds Affaires étrangères et Marine) et, après l789 ceux
du Quay d'Orsay, le Public Records Office à Londres et l’Archivio
di Stato à Turin et Florence, ainsi que ceux des Ports de Livourne,
Venise et Marseille sont d’abondantes mines de données.
· Pour le Consulat de France, voir l’œuvre admirable de Pierre Grandchamp, La France en Tunisie (1582-1705) Vol.I-X, Tunis, l920-33, ainsi que Y. Debbasch: La Nation Française en Tunisie (l577-1835) Paris l957, P.Masson:Histoire des établissements et du commerce Français dans l'Afrique Barbaresque (l590-1793) Hachette,Boulevard Saint Germain 79,Paris l903; F. Charles-Roux: France et Afrique du Nord avant 1830, Paris 1932
· Pour le Danemark : P. Desfeuilles: Scandinaves et Barbaresques à la fin de l'Ancien Régime, Cahiers de Tunisie, n. 15, l956, p. 327
· Pour les Etats Unis 'to the shores of Tripoli' selon l’hymne du US Marine Corps, voir: E. Dupuy: Américains et Barbaresques (l776-1824) Paris,l9l0 & Ray W.Irwin: The Diplomatic Relations of the United States with the Barbary Powers (1776-1825) Chapel Hill, l931
· Pour les états italiens, voir Augusto Gallico, Tunisi e i Consoli Sardi (1816-1834) Cappelli,Bologna l935, & Achille Riggio: Relazioni della Toscana Granducale con la Reggenza di Tunisi (l8l8-1825), et Tunisi e il Regno di Napoli nei primordi del Secolo XIX, Oriente Moderno, l940 n.3 - l947 n l/2. Autour de l820 Antonio Nyssen, Tabarchino de part de sa mère, était Consul de Toscane, Hollande, Agent d’Autriche et protecteur des Russes (Voir: Ch. Monchicourt, Relations Inédites de Nyssen,Filippi et Calligaris, Paris l929, Page 329).
Venise aussi
avait son Consulat à Tunis qui, en dépit d’ordonnances de
Venise, était
composé par des Gênois (malhereusement l’archive fut
dispersé; voir A.Riggio, Schiavi Genovesi nell’Archivio
Consolare Veneto di Tunisi, 1779-1784. Giappichelli, Rocca San Casciano,1939)
· La correspondance d’ Andrea Berengo, publiée par Ugo Tucci [Affaires et Gens d’Affaires : lettres d’un marchand vénitien . SEVPEN 13 rue du Four Paris 1957 ] consiste en 290 lettres en 6 tômes [Registro di lettere de diversi sì per Cipro e Venecia come per altri lochi . principia adì 8 ottubrio 1555, in Alepo, e finise adì 18 novenbrio 1555 , in Alepo] envoyées d’Alep à Venise, Famagouste, Nicosie, Zerines (=Kyrenia) et Saline de Zipro (=Larnaca) de même que Zante et Tripoli di Sorìa. On y trouve nommées Acre, Aman (aussi par l’adjectif Amoini, qui indique non pas Amman mais Hama) Angori, Antiozia, Bafo, Balbec, Balsera, Bancusa (un quartier d’Alep) Berutto, Bicchieri (=Aboukir) Le Caire, Chanaor (=Cannanore) Damascho, Giopo o Iopo, Goa, Laliza (=Lattaquié) La Finica (port Turc proche de Castelrosso) Le Smire, Limisso, Pera et Stanbol. Comme Léonard de Vinci et Benedetto Dei, Andrea Berengo tient en peu de compte l’ortographe, doublant souvent les consonnes mais son abondante correspondance est tenue finalment en Vénitien, quoique enrichie par de sporadiques prêts levantins.
· La Condamine aussi était un Polygraphe est il est quelquefois difficile de dénicher ses œuvres éclectiques; cette citation du Journal de voyage au Levant (1731), découverte par le Dr. Ferdinand Hoefer dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale (In Folio 2582) fut utilisé par lui dans 'L'Univers Pictoresque, Histoire et Description de tous les peuples, de leur réligions et moeurs, coutumes, industries, publié par Firmin Didot Frères, rue Jacob 56, Paris l850: Algérie, Tunis, états Tripolitains' (à la page ll3 de cette section). Le Docteur Louis Frank compila la section de Tunis.
· Cinq volumes de manuscrits de Venture de Paradis sont à la Bibliothèque Nationale , le premier desquels, simplement marqué Notes sur Alger vient des lettres qu’il écrivit en 1788-9 , hâtivement réliées par quelque employé, et par la suite sérialisé par E. Fagnan pour la Revue Africaine (1894-6) avant d’ètre tiré a part en bouquin de 180 pages,entitré Alger au l8° Siècle, Typographie Adolphe Jourdan 4, Place du Gouvernement, Alger, l898.
· L’Ordre Trinitaire (Ordo Sanctissimæ Trinitatis de Redemptione Captivorum) fondé à Cerfroid (Aisne) par les moines Jean de Matha et Félix de Valois réconnu par le Pape Innocent III en 1198, avec son Siège à Rome sis San Tommaso in Formis (1213) puis San Carlo alle 4 Fontane (1634) près du Couvent Français de Saint Denis de la Redemption (l6l9, démoli dans l’après-guerre malgré son cloître historique) avec une délegation à Livourne dès 1670. Voir Manuscrit de la Bibliothèque Mazarine édité integralment pour la première fois par le R.P. Calixte de la Providence, religieux Trinitaire, sur Les plus Illustres Captifs; Delhomme et Briguet, Lyon 1892, & P. Descandres, L'Ordre des Trinitaires pour le Rachat des Captifs, Paris l903 Ainsi que: P. Antonino de la Asunción , Diccionário de Escritores Trinitarios de España y Portugal (Rome l899, Vol.II ); Pierre Dan fut notamment de ses membres; P. Grandchamp publia (Revue Tunisienne, N.6, Aloccio, rue Hannibal, 4 Tunis l93l) quatre listes d’esclaves 'siciliens' rançonnés de l690 à 1807 par une institution similaire , et A. Riggio (Archivio Storico per la Calabria e Lucania, III/IV, 1938) en publia une autre, découverte aussi par Grandchamp, de l500 gens divisés en quelques 50 sections, la plupart desquelles porte des noms en Italien correcte ,à quelques exceptions près, qui déterrent les titres employés en Lingua Franca à l’époque: Serraglia. Guardarobi. Bardo Giardinari. Guarda Scarpi. Abandagia (Buanderie). Bitte Casanadale (Beit el Khaznadar ou maison du Trésorier). Dall'Imen (maison de l’Imam). Bitte Laudo (Beit el Oudu ou logis des visiteurs). Cavagini (Cafétier). Dall'Ukil (chez le subalterne, signifiant probablement Wakil al'Am,ou Sécretaire du Divan). Nel Giardino del Sappa Tappa, ma schiavi del Patrone [sic] (Zappi Tappa, Sappi Tappa ou encore Saptappa était le Sàhib at Tàbi,ou Garde des Sceaux). Al Divano (au Conseil). Al Deylettli (Dey Doletli, ou encore Doletri était le Prévôt ou Chef de la Police locale) En fait il y avait une grande différence entre le Bey, Dey, Pacha et autres titres employés nonchalamment par les visiteurs; pour une esquisse exacte voir: G.Finotti, La Reggenza di Tunisi, Malte 1856. Pour la traduction de ces titres Riggio confiait en la connaissance admirable de l’Italien par Grandchamp, tant et si bien que dans les rares cas où il n’en donna pas (Comagini, Pantacini) Riggio ne sut pas en pourvoir, étant donné qu’il s’agit de métiers.
Pour les
Rescatés qui restèrent en Tunisie, dans la riche bibliographie
Voir : Achille Riggio: Cronaca Tabarchina dal l756 ai primordi
dell'Ottocento ricavata dai registri parrocchiali di Santa Croce in Tunisi, In: Revue Tunisienne N.31-32 1937,
P.353; R.P. Anselme des Arcs, Mémoires
pour servir à l'Histoire de la Mission des Capucins dans la
Régence de Tunis (1624-1865) Rome 1889 (la mention Tabarchino cesse dans les Listes après l808,mais encore
en l829 Carlo Moro, Vice Consul de France et d’Angleterre à Sfax
est défini Tabarchino Tunisino) Tabarka, ouverte en l541 par Clemente Cicero de
La Calle avec une Concession de 10
ans, fut finalment conquise par Younes en 174l; pour le début de son
histoire Voir : Lanfreducci e Bosio: Costa e Discorsi di Barbaria..fatto e
complitto in Malta al primo di Settembre l587,traduit par P.Grandchamp (Revue Africaine, Alger
4°,l925, P.72) Abbé Raynal: Histoire Philosophique et Politique
des établissements et du commerce des Européens dans les deux
Indes, Amsterdam,l770; C.Manfroni:
I Colonizzatori Italiani durante il Medio Evo e Rinascimento (Milan l933) Fr. Podestà: L'Isola
di Tabarca e le Pescherie di corallo nel mare circostante ('Atti della Società Ligure di Storia
Patria, Vol.13, Fasc.V,1894) ainsi que: La Pesca del Corallo in Africa nel
Medio Evo e i Genovesi a Marsacares (Gênes l897) & O.Pàstine: Liguri pescatori di
Corallo, in Giornale Storico
Letterario d.Liguria (Bergamo,III/IV 1931). E.Plantet : Correspondance des Bey de Tunis et des
Consuls de France avec la Cour (l577-1830) Paris, 2 Vol. l893-99, cite à la page 37 vol.II papiers et mémoires concernant
l'ìle de Tabarque,les traités faits avec MM. Lomellini de
Gènes,le procès pendant entre eux et le Patrimoine Royal du Roy
d'Espagne.. (Ministère
Aff.ètr., Mémoires et Documents Africains, T.VIII, F.189)'.
Le 28 Juillet
1826 le Consul Sarde Filippi [Gallico, page 139] spéculait sur le bail
de l’île (convoitée aussi par le Roi de Naples à
cause de la pêche au thon ainsi que le commerce exclusif de laine, cuir
et cire; à son opinion 50 soldats étaient suffisants pour la
tenir, par l’entremise d’une Compagnie Marchande. Mais il
n’en advint rien, et le Consul
lors d’une visite en l869 parla seulement de maigres
pâturages et de quelques pêcheurs Brétons.
·
Pour les relations méconnues et
compliquées entre les 'bastions' contigus de
Stora (Skikda, Philippeville), La Buona ( Bône, Annaba),Capo Rosa, La Cala di Marsacares (La Calle, à present El Kala, tout au début Marsa el Kharaz), Capo Negro en face de l’isle de Tabarka, et Fiumara Salata voir Dureau de la Malle: Fragments d'un voyage dans les Régences
de Tunis et d'Alger, fait de l783 à l786 par R. Desfontaines, ainsi que Relation d'un voyage sur les côtes de Barbarie
fait par ordre du Roy en l724 et 25 par JA Peyssonnel
(Paris l838, avec un recensement détaillé des l00 soldats
guardant le Fort, 350 pêcheurs et 50 porteurs, 1500 gens au total);
Pellissier et Rémusat, Exploration Scientifique de l'Algérie
pendant les années l840-42, Paris l845; Charles
Féraud: La Calle et Documents pour servir à l'Histoire des
anciennes concessions Françaises d'Afrique
(Alger l877); & Paul Masson: Les Compagnies du Corail, Etude Historique
sur le Commerce de Marseille au XVI Siècle (Paris
l908). Depuis Tommaso Lencio
(156l) qui amorça les contacts avec Alger pour la pêche du
courail de Barberie (démenageant peu
après à La Buona), la plupart des Facteurs avait
été d’expression italienne: G. de Godiano à La Calle
(l568-73) Giovanni Porrata de l582 à l597; Vittorio Marchione à la Buona (1575-85) et B.
d'Antone à Capo Rosa: aussi des Corses émigrés en France
après la revolte de l553 (le Traité Franco-Tunisien de l770
élargit aux Corses les mêmes privilèges des
Français). En 1651 les Lomellini payaient 22 caisses de corail au Bey de
Tunis et 8 au Dey d’Algers, la frontière commune vers la mer
remontant à l6l4, entre les plus vieilles d’Afrique; Sanson
Napollon ramena de sa mission en l63l quatre cartes, gardées aux
Archives Nationales (Marine, Ms. l6l64) intitulées Plans du Bastion
de La Calle Mascarez, du Cap de Rose et un peu de la coste (la première est marquée La costa che guardano li
Franciessy in Barbaria, avec la frontière
tracée à l’encre; la troisième, Le port
nommé La Calle Marsagueles, et la
quatrième Capo di Rosa) Davity, Afrique, Page 214: 'Près du Cap de Mascarez ou Massacaresse comme
les italiens l'appellent.., & R.Fr. Pierre Dan, Histoire
de la Barbarie et des corsaires des Royaumes et des villes d'Alger,de Tunis, de
Salé et de Tripoly, Paris l649. Mascarez était même
mépris pour Mascara et les dossiers du Ministère Français
des Affaires Etrangères parlent indifféremment de Fiumar
Salade,Fiumare Salde, Fumaire Sallade, Fumaire salée et dAbeillo; Voir: J.Pignon, Un
comptoir Français à l'Est du Cap Serrat, la Fumayre Sallatte, 1° Congrès de la Fédération des
Sociétés Savantes de l'Afrique du Nord, Alger 1935, Page 275.
[à un Km et demi du Cap Serrat, sur la presqu’île à
l’ouest du Oued Guemgoum, près du Marabout de Sidi Rhérib.]
CHRONOLOGIE DES
PASSAGES EN PETIT MAURESQUE
1204
Credo de Constantinople:
‘Kretto a in deo patrem
monipotante..’
1304 Contraste de la Zerbitana : ‘..i barrà
fuor casa mia!’
1387 Antonio di Adamo écrit de Patras: ‘manto..li gaiduri vostri..’
1400 emprunts en Langue Franque
dans les sermons de San Vicente Ferrer (1355-1419)
1423
CYP Mss.Vat : ‘..de ze o dado a i marabuini de
le sue vigne..’
1453 Tachìa > calotte turque (
Pompeo Gherardo Molmenti ‘Histoire de Venise’)
1467 Benedetto Dei, du Dictionnaire Turchesco: ‘asapi, azapi, asappi, esappi’ > coquins
1484
Schambeck , Dragoman d’Alexandrie: ‘star tu praeto non paga ingenti’
1496-1533
Marin Sanudo : ‘L’altro puto portava uno mastrapano zoè uno bocal d’oro per bever
acqua..’
1514
Ciriffo Calvaneo
par Luca Pulci :‘gran
cerchio fassi Di giannizzi,
e de sappi, o suoi galuppi.
Iuri, caurri..’
1520
Villancico de
Juan del Encina : ‘Benda
ti istran pelegrin
,…’ (Palestine)
1525
Antonio de
Guevara :‘Si querer
tu, Alfaqui, parar aquí poquito, mi contar a ti cosa asaz grande..’ (Andalousie)
1528
Paolo Giovio : ‘o don Ugo, ti venir a Zerbi e Tunesi’
‘Commentari
de le cose de Turchi’ (s.d.
1538)
1542 Le dragoman Michele Membrè :‘e diceno
“la illa illa la” zoè fano sicri <dhikr> laudando Dio’ (Tabriz)
1545 La Zingana par Gigio Artemio Giancarli :’In sala ane ma barf, mi no saber serta…Letacaf, no aber paura..’ (Egypte?)
1547-49 Lettres d‘Andrea Calmo, ami de GA Giancarli :‘i so bizzachi aguzzai’ >couteaux serbes ou turcs
1550-53 Verra Antiga
par Alessandro Caravia :‘Ti
no sé da mio par, giurde chiopech ‘
>chien infidèle en turc
1553-56 Andrea Berengo
écrit d’ Alep
‘..qualche do rotolo
de mismis ammi..’ >abricots
1553-56 ‘Il Travaglia’
par Calmo:’Leca in salao’ >
alèikum essalam (Patois ‘romaico
delli Stradiotti’)
1565-6
‘Naspo
Bizaro’ par A. Caravia
:‘e son senza bernusso’
1565
L’Ercolano,
par Benedetto Varchi :‘facendo stravizi e tafferugli…a gozzoviglie e tambascià’
1585
‘La Piazza’
par Tomaso Garzoni :
‘gridando Illalla Illalla Maumeth russollala’
1586
‘Hospidale
de pazzi incurabili’ par T. Garzoni: ‘cominciò a gridare allai, allai maumeth russelai’
1589
‘La
Sorella’ par GB della Porta
(NA 1535-4 Fe 1615) La Turca et Lo
Strologo de 1606 VE, il en reste 14 sur 29
1608 ‘La Sultana’ par GB Andreini (Fi 1579- Reggio Em 1654) : ‘si signor, borsa turchesca star larga..’
1612 Diego de Haedo:‘ni saber como curar, a Fe de Dio
abrusar vivo, no parlar que estar malato’ (Alger)
1613
‘L’Idropica’
(posthume, Venise 1613) par GB. Guarini
(Ferrare 1538- Venise 1612) : ‘Che casnà del Gran Turco?’
1615 Voyages de Pietro della
Valle : ‘buonissimi scerbetti di varia sorte’
1620
‘La Turca, comedia boschereccia et maritima’ par GB Andreini (Guarini, Venise)
1610-64 Archives Consulaires de France à Tunis,:’ Io Solima Basia di Tunisi afermo’ (Pierre Grandchamp)
1630
‘L’Ordaura, tragedia
in parlar turchesco’del molto ill.sig.cav. Giulio Malmignati
(Valentini, Venise)
1644
Josè
Tamayo :‘Ti estar
teatino, donar para mi mucho aspero; tu sabes ganar para mi?..’
(Alger)
1645
‘La
Soeur’ par Jean Rotrou (Dreux 1609-27 Jun 1650) (Turquie)
1654
‘Xerxes
’ de Handel, livret
par Nicolò Minato: Voler sapir? Dimandar respondir (Perse)
1667 ‘Le sicilien’ de
Molière : ‘ Chiribirida ouch alla, star bon Turca..’
1670
‘Le
bourgeois gentilhomme’ de
Molière : ‘Se
ti sabir ti respondir, Se non sabir tazir, tazir..’ (Turquie)
1670
Fray
Bartolomé Serrano : ‘nombres
de las cosas en Argel..Aspero=moneda,
Yorno=hoy, Manchar=comer…’
1675 Histoire
Chronologique du Royaume de Tripoly :
‘cane giudeo traditor, perché non mainar?’ (Bib.Nat. Paris, Mss.12219-20)
1697 ‘Europe Galante’ par Antoine Houdar de la Motte::‘Vivir vivir gran Sultana, Unir unir li cantara, Mille volte
exclamara..’ (Turquie)
1735 Birba de Goldoni (Schiavonesco)
1737
Lugrezia romana a Costantinopoli de Goldoni
1741 Mercante Armeno (ballate Malamani 83) : ‘D’Armenia vegnira/e stara mercanta/de
gioia tegnira/ in quantità tanta..’
1741 Turco Inamorà (ballate Malamani 86): ‘Per mi aver Catina amor/ mi voleri
maridar/ star contento in sena il cuor..’
1749 ‘Famiglia
dell’Antiquario’ de
Goldoni :‘luma
lanterna trovata in palamida de getto in sepolcro Bartolomeo’ (Armeno
Italià)
1751
‘Pettegolezzi
delle donne’ di Goldoni:‘Mi stata altra volta e aver venduta Bagiggia..Mi servira volentiera mia cara patrugna Salamina’
1755
‘Le Donne
di casa soa’ de Goldoni : ‘trovar per zente... proveder per tutto..’ (Levantin)
1759 ‘Impresario delle Smirne’ de Goldoni : ‘A tua persona io non dar 30 soldi.. cosa
intrar con tua
persona?’
1760 ‘Fiera di Sinigaglia’
de Goldoni : ‘e tua
persona come chiamar?’ (Grec burlesque)
1760 Pirates at Penzance : ‘Inglaterra! Inglaterra! Bona Inglaterra!’ (Noall) (Alger)
1781
Jean Jacques
Rousseau : ‘ Mirate signori, questo è sangue pelasgo’ (Jérusalem)
1781 Archives Consulaires deVenise a Tunis : ‘Ciaùs, Sachegì, Tescherè, Torcimanio’ > laquais, soldat, certificat,
interprète (Riggio)
1788 Venture de Paradis, Lettres
d’ Alger:
‘Bonjorno Effendi, Capitano Prove ..Bandiera
arriva…Caravana...Contador…Pertuseri...’
1797-02
Rançons : ‘Dall’Ukil,Bitte Laùdo, Nel
giardino del SappaTappa ma schiavi del Patrone..’ (Grandchamp/ Riggio) (Tunis)
1798 Johann von Rehbinder: ‘ non star usansa..Salute! Come star? Va bono?..Guarda per ti..’ (Alger)
1805
Don Felice
Caronni: ‘ .. cosa
stare questa? Quanto valire?
..questo star buono..’ (Tunis)
1806-15 Dr.Louis Frank: ‘Donar mi meschino la carità
d’una carrouba per l’amor della Santissima Trinità e dello
gran Bonaparte’ (Tunis)
1817
Filippo Pananti: ‘Buona presa, prigionieri, schiavi..
Vamos a trabajo cornutos!’
(Alger)
1820 Bey de Tunis au consul de Naples: ‘Lui forse pensar che mi non tenir
compasso. Anda, anda, questo
non star buono’ (Gallico)
1824 Iusuf Karamanli au Consul Foux :
‘.. pirò re Sardinia
mandar sempri Consul sensa rigal’ (Tripoli)
1830 Renaudot : ‘Per Dios ty parlar jouste..Estar
Uzansa..per facia de mi’ (Alger)
1830 DICTIONNAIRE DE LA LANGUE
FRANQUE: ‘Bon dgiorno
Signor, comme ti star? Mi star
bonou, e ti?’ (Alger)
1879
‘Aziyadé’
extraits des notes et lettres d’un lieutenant de la marine Anglaise
entré au service de la Turquie (Pierre
Loti)
1880
Mardochee Chaloum
à Istanbul: ‘ça m’ti regarde pas ma bile mère’
1882 Em. Jellinek, correspondant de
Schuchardt depuis Oran : ‘bacha no tener più forza per
mandar..’
1884 Victor Waille, la Bible Comique: ‘ ti a rien di tout gnia pas di franci
gnia pas di jouifs..’ (Constantine)
1887
Bernard, L’Algérie qui s’en va: ‘Dounar kawa, dounar
sordi!’
1887 Dictionnaire Beaussier, Alger :fantazija <spectacle> papas
<homard>
1887 Valéry Mayet en Tunisie: ‘lepha morto, arbi mesqine’ <le serpent a tué le
pauvre arabe>
1931 Les Sabirs de Qaddur bin
Nitram <Eugène-Edmond
Martin (Tunis)
1932 Guelfo Civinini , Ricordi di
Carovana :‘ quello
bulukbasci non buono. Testa matta. Sempre bestemmiare per me’
1965 Camillo Gaspari ‘Un uomo e una donna’ (I.T.E.
Venise) fait ample recours a l’italien
réstructuré.
CHRONOLOGIE DES
DESCRIPTIONS DE LA LANGUE FRANQUE
844 Chronique d’ Ibn Khurradadbih :‘al lugha al Ifranjiyya..Rumiya Andalusiyya..’ <les langues des
francs, grecs, espagnols..>
1475 Ambrogio Contarini en voyage a Tiflis:‘..un vecchio,che sapeva un poco franco, che di continovo ne servì’
1591 Bailo Lorenzo Bernardo depuis Costantinople :‘Hassan Bassà..di casa Celesti..parlò un pezzo in
turco..e poi parlò in franco’
1612 Diego de Haedo, Historia General de Argel:
’Este hablar franco es tan general que no ay cosa do no se use..’
1637 Pierre Dan , Histoire de la Barbarie:’le Franc dont on
use communément pour se faire entendre; ce qui est un barraguin
facile..’
1670
Olfert Dapper
(mentionné par Schuchardt : influencé par le
français, gitan et surtout
espagnol)
1670 John Covel mentionne un guide a Carthage parlant ‘broken Italian and Lingua
Franca,which is bastard Spanish..’
1671
‘Osman
rinnegato greco..di Scio..fu
fatto Bey..parlava assai bene il greco il turco il negro l’arabo e il
franco..’ (Miconi)
1682
John Barbot :’lingua franca or broken Portuguese’ (Valdman) (Guinée)
1731
La Condamine :‘..pour se faire entendre aux
Européens est ce qu’on appelle la Langue Franque..’
1738
FL Norden ,
Voyage d’Egypte et de Nubie:‘Ils savent ordinairement ce qu’on appelle lingua
franca’
1806
Chateaubriand Voyage de Paris à Jerusalem (mentionne Caronni e Devoise) parlant
du Bey de Tunis “..ce prince parle italien”
1818 George Francis Lyon en partant pour Socna : ‘..bad italian.. is well known ‘ par les habitants de Tripoli
1829 le Dictionnaire du dialecte de Venise
par Giuseppe Boerio admet
plusieurs mots d’origine levantine
1834 Schimper (dans Sch.) ‘ne parlant pas
un mot d’italien, espagnol
ni même Lingua Franca,
parlée par la couche plus humble d’Alger’
1852
Mc Carthy-Varnier
:‘en Orient on
l’appelle langue franque…en Algérie on la
désigne par un de ses verbes: sabir’
1864 ‘Shay
Lamora’ imprimé à Livourne par Judah Darmon et Solomon
Zarqa d’Oran utilise plusieurs mots en Petit Mauresque
1877 Correspondance Bonaparte/Clarke sur
Athenaeum au sujet de l’origine du Petit Mauresque
1877
De Silva (mentionné
par Schuchardt )
1884 LLC Faidherbe :‘le nom de langue franque..depuis la conquète de l’Algérie les Français l’appellent le
sabir. Les mots sont espagnols
1887
RL Playfair: ‘..expressions borrowed from all over
the languages of Europe, a relic of the now extinct lingua Franca’ (Alger)
1887
Elisée
Reclus :‘codesto
linguaggio chiamato Sabir…era
un parlare informe..composto di circa 200 vocaboli..’ (Algerie)
1890
Ch.de Galland :‘le mélange de tous les idiomes:
de l’arabe et du français, de l’italien et de l’anglais
de l’espagnol et du sabir’ (Alger)
1891
Giusto Grion
‘Farmacopea e lingua franca del Dugento’ Archivio Glottologico Italiano N.12
1904 Spiro Bey ‘Note on the Italian words in modern spoken arabic of Egypt , Al Mokattam Le Caire
1909
Hugo Schuchardt: ‘pare si distribuisse lungo tutta la
costa mediterranea sudorientale. Oggi è sconosciuta nel Levante..’
1912 Marcel Cohen :’l’ancienne
langue franque n’a plus
une ombre d’existence que dans le langage commercial des juifs..’ (Alger)
1926 Ettore Rossi: ‘Gli schiavi…propagavano la loro lingua
affermando nel dialetto locale frasi ed espressioni caratteristiche ‘ (Tripoli)
1928 Ettore Rossi:‘..i rinnegati ..non dimenticavano la
parlata di origine.. si conservava il particolare gergo curioso detto lingua
franca..’
1932 Carlo Tagliavini
: ‘col nome di lisan
al farang (o al ifrang) gli
arabi chiamarono la lingua dei popoli romanzi con cui vennero a contatto’
1937 A M Perbellini ‘I meticci
linguistici, del parlare con gli indigeni’ ( SUR Etiopia ) première mention de l’Italien
Réstructuré
1948
John Corominas
fait dériver ‘ ferraiuolo’ du maghrebin
‘feryùl’ PMLAA
Baltimore
1951
Guido Sala
‘La lingua degli stradiotti nelle commedie e nelle poesie dialettali Veneziane del sec.XVI’
1955 Nereo Vianello ‘Lingua
Franca di Barberia e Lingua Franca di Dalmazia’ sur Lingua
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1955
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‘Nota sulla formazione della Lingua Franca’
1955 G Praga ‘ recensione di
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1962 André Lanly dans ‘Le
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2002 do Couto, Hildo, ‘A Língua Franca
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Brasília: Oficina Editorial do IL/Plano Editora.